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                                                                 AY TRISTE QUE VENGO
 

                                                                            Juan del Encina (1468-1533)

 

 


ORIGINE

Un beau chant de Noël dont les paroles (un poème d’amour courtois) et la musique sont du même auteur : le poète, dramaturge et compositeur Juan del Enzina (1468-1533), dernier représentant de la tradition des troubadours provençaux.

Il s’agit d’un chant à trois voix dont la partition musicale provient de deux recueils de chansons : le « Cantionero de Palacio » et le « Cancionero de Ségovie ». Le texte est l’un des poèmes d’amour courtois de l’auteur, figurant déjà dans son propre « Cantionero de Juan del Enzina », édité en 1496.

Le thème de ce poème est classique dans la tradition courtoise : un amant délaissé se plaint de sa bien-aimée. Toutefois, ici, c’est un berger et non pas un chevalier !

 

TEXTE

Ay ! Triste que vengo vencido d'amor, maguera pastor !

Más sanome fuera noir, almer cado, que noque viniera, tan a que renciado, que vengo cuitado, vencido d’amor, maguera pastor !

Con vista la guera miréla ymirόme ; yo nos équien era mas ella-gradόme, y fuesey dejό me, vencido d’amor, maguera pastor !

De ver su presencia quedé cari ñoso, que dé sinhemencia, quedé sin reposo, que demuy cuidoso, vencido d’amor, maguera pastor !

 

 

 

TRADUCTION

Ay ! Comme je suis triste, vaincu par l’amour même si je ne suis qu’un  berger.

Il m’eût été plus salutaire de ne pas aller au marché plutôt que de m’y rendre amoureux  car je suis affligé, vaincu par l’amour bien que  berger.

D’un regard flatteur je la regardais (avec des yeux doux) et elle me regarda. Je ne sais qui elle était mais elle me plut et elle s’en fut, et elle me laissa, vaincu par l’amour, bien que  berger.

Je demeurai amoureux (désireux) de la revoir. Je demeurai sans force, je demeurai sans repos, je demeurai chagriné, vaincu par l’amour, bien que berger.

 

Cancionero de palacio

 

Cancionero de Juan del Enzina