Dal tuo stellato soglio, est une prière adressée à Dieu par Moïse dans le troisième et dernier acte de l’opéra de Rossini, Moïse en Égypte. Cet opéra raconte, en prenant beaucoup de liberté avec le texte biblique, la fuite d’Égypte du peuple d’Israël. Selon la bible, les Hébreux, réduits en esclavage depuis des siècles, reviennent dans le pays de Canaan (Israël actuel, en gros), après une longue traversée du désert sous la conduite de Moïse, en vertu de la promesse divine faite à leurs ancêtres.
L’opéra de Rossini raconte les premiers épisodes de cette émancipation : les tractations avec le pharaon, les amours contrariées entre le fils du pharaon et une belle israélite, la traversée de la mer rouge et l’anéantissement de l’armée égyptienne.
La première représentation, en mars 1818, au théâtre San Carlo, à Naples, fut émaillées d'incidents que Stendhal, dans sa biographie de Rossini (1824), décrit ainsi :
"Le passage de la mer Rouge était épineux car fort délicat à représenter sur scène. Les trucages du San Carlo étaient ridicules et le public sifflait de bon coeur. Lors de la reprise de l'opéra au San Carlo l'année suivante, Rossini modifia le troisième acte en y introduisant la fameuse prière de Moïse... ...Quand arriva le fameux passage de la mer Rouge, mêmes plaisanteries. Les rires commençaient déjà à s'établir au parterre, lorsqu'on vit Moïse commencer un air nouveau : "Dal tuo stellato soglio"... ...Surpris de cette nouveauté, le parterre écouta et les rires cessèrent tout à fait... ...On ne peut se figurer le coup de tonnerre qui retentit dans toute la salle ; on eût dit qu'elle croulait. Les spectateurs des loges, debout et le corps penché en dehors pour applaudir, criaient à tue tête : bello ! bello ! o che bello ! Jamais je n'ai vu telle fureur, ni tel succès, d'autant plus grand qu'on s'apprêtait à rire et à se moquer."
L’œuvre de Rossini est considérable (39 opéras, 14 album de mélodies, de la musique sacrée…) bien que ce compositeur aie eu la réputation d’un homme paresseux, colérique et bon vivant ! Il a assez longtemps vécu en France, où il bénéficia de la protection de Charles X jusqu’à la révolution de 1830, date à laquelle il prit sa retraite ; il avait 37 ans. Peu indulgent envers le peuple, Il avait sa table attitrée à La Tour d'Argent, chez Bofinger et à la Maison dorée, dont le chef, Casimir Moisson, aurait dédié au compositeur le tournedos Rossini.
Un personnage paradoxal, assurément.
Dal tuo stellato soglio,
Signor, ti volgi a noi.
Pietà de' figli tuoi,
Des popol tuo pietà
Se pronti al tuo potere,
Sono elementi, e sfere !
Tu amico scampo addita
Al dubbio errante piè.
Pietoso Dio, ne aita
Noi non viviam, che in te.
In questo cor dolente,
Deh scendi, oh Dio clemente.
E farmaco soave
Gli sia di pace almen.
Il nostrocor che pena,
Deh tu conforta almen.
De ton ciel étoilé,
Seigneur, adresse-toi à nous.
Pitié pour tes fils
Pitié pour ton peuple.
Dans ton pouvoir
Sont les éléments, les étoiles.
Toi, ami, montre-nous
Le chemin de la fuite.
Dieu compatissant aide-nous,
Nous qui vivons en toi.
Dans notre cœur souffrant,
Descend, oh Dieu clément !
Et, doux remède,
Donne-lui la paix, au moins.
Notre cœur qui souffre,
Conforte-le, au moins.
Merci à David Bellini pour la traduction.