Robert Schumann est un compositeur allemand de la période romantique. Il composa Zigeunerleben sur un texte du poète romantique allemand Emanuel Geibel (1815-1884).
Schumann y dépeint musicalement la description colorée de Geibel : un feu de camp gitan. La pièce commence par le calme mystérieux des « bois remplis avec des ombres et des bruissements de branches », puis l'augmentation des lignes vocales représente les flammes qui « flambent pour illuminer les arbres ». La fin de la pièce capte l'aspect nomade de la vie gitane avec le texte final, «Mais où s'en vont-ils ? Qui sait où ? »
Robert Schumann Emanuel Geibel
Verkündet die Alte der horchenden Schaar
Schwarzäugige Mädchen beginnen den Tanz
Da sprühen die Fackeln im rötlichen Glanz
Es lockt die Gitarre, die Cymbel klingt
wie wild und wilder der Reigen sich schlingt
Dann ruh'n sie ermüdent vom nächtlichen Reih'n
Es rauschen die Buchen in Schlummer sie ein
Und die aus der glücklichen Heimath verbannt
sie schauen im Traume das glückliche Land.
Doch wie nun im Osten der Morgen erwacht
verlöschen die schönen Gebilde der Nacht
Es scharret das Maulthier bei Tagesbeginn,
fort zieh'n die Gestalten, wer sagt dir wohin?
Dans l'ombre du bois, dans le branchage des hêtres, on entend remuer, craquer et chuchoter à la fois. On voit danser les flammes et voltiger une lueur autour de silhouettes colorées, de feuillages et de rochers.
Voici la mouvante troupe des Tsiganes à l'oeil étincelant et aux cheveux ondoyants, nourris au fleuve béni du Nil, brunis à la chaleur ardente d'Espagne.
Autour de la chaleur du feu, dans la verdure qui s'enfle, les hommes sauvages et hardis installent alors le camp, les femmes s'accroupissent pour préparer le repas ; affairées, elles remplissent le vieux pot.
Alors des légendes et des chansons retentissent dans le cercle, aussi fleuries et colorées que les jardins d'Espagne. Une vieille révèle à la troupe attentive des formules magiques contre l'adversité et le danger.
Des jeunes filles aux yeux noirs ouvrent la danse. Les torches jaillissent dans la lumière rougeoyante. La guitare se fait séductrice, la cymbale résonne, tandis que la ronde s'enroule, de plus en plus sauvage.
Alors ils se reposent, fatigués de leur danse nocturne, bercés par le murmure des hêtres et le peuple chassé de la patrie bénie voit en rêve le pays bienheureux.
Cependant, tandis que le matin s'éveille à l'Orient, les belles images de la nuit se dissolvent. Le mulet piaffe dans l'air du matin et les silhouettes s'en vont, qui te dira pour où ?